Adieu mon étoile

Adieu mon étoile

Cher « Enfant Noir » (tel que les Sœurs catholiques de Somo, Regina, Marie Marguerite et Paule t’ont nommées), ou ‘’Uŋtili yέ pɛkɔt’’ (par les populations banen après ton incroyable prestation au deuil de Papa Ndounokon en 73), ou encore « Dos rond » (pour tes fans), et sans oublier « Múkónó wú pítí » (pour ce côté mystérieux et mystique que l’on voyait en toi) tous ces noms sont à toi et rendent compte de ta personnalité multiforme et plurielle…

Il faut dire que porter plusieurs noms était inscrit dans ton ADN ! Selon le souhait de ton géniteur Egnambang, tu devais porter le nom « Baboulé ». Lui parti, tes oncles Nomale ne prendront malheureusement pas soin de leur « épouse » pourtant enceinte de toi. C’est ainsi que tu naîtras à Ɛndέkɛhɔkɔ chez tes oncles maternels qui, las d’attendre que tes oncles paternels de Nomale te donnent le nom selon la tradition banen, vont t’attribuer le nom de « Balom ».

Ta mère mama odile Ongdiong de Ɛndέkɛhɔkɔ restée seule, va refaire sa vie avec papa Louis de Gonzague Bakalingin de Itundu II, qui va t’adopter et te considérer comme son propre fils. C’est lui que tu considérais comme ton père, car tu l’appelais affectueusement « papa Louis » C’est lui également qui va t’initier dans l’art dans lequel tu excelleras plus tard comme tu me l’as confié : « lorsque papa Louis jouait au tam-tam ou au tambour, il me prenait entre ses jambes, m’apprenait comment me tenir, comment jouer de ces instruments et surtout comment esquisser les pas de danse ».

Ta famille biologique de Nomale, de Ɛndέkɛhɔkɔ et de Itundu, ta famille du monde artistique, tes amis des quatre coins du pays banen et au-delà, l’association Hisenji, la diaspora banen, tous ceux qui t’ont connu et apprécié, sont en larmes. Mon « Etoile » (comme je t’appelais affectueusement), ton départ brutal me laisse sans voix. Malgré la vive douleur, nous devons t’accompagner à ta dernière demeure. Nonobstant la grande distance physique qui nous sépare, je suis là en « esprit » pour te dire adieu et te rendre un dernier hommage.

Ta vie a été et demeure un mystère pour le commun des mortels. Encore enfant et âgé de neuf ans, tu as passé avec ta mère 9 (neuf) jours dans le monde des « invisibles ». Je crois que cette fois, ton séjour dans le monde des « invisibles » est définitif car, 9 jours sont passés et tu n’es pas revenu comme tu l’avais fait il y a 59 ans.

Comme je disais, ta vie a été un vrai mystère ; en effet plusieurs événements de ta vie semblent avoir été prédits, ou du moins suscitent des questions qui restent sans réponses. A titre d’exemple : c’est un tradithérapeute nommé BAHOKEN de Boneck qui va te ramener dans le monde visible ; c’est également un nommé BAHOKEN, ton neveu de Nomale, qui t’accompagne dans le monde invisible !
Tu nous devances certes, mais j’ai le sentiment que c’est beaucoup trop tôt et surtout bien trop brutal. Oui Enfant Noir, tu t’en es allé sans avoir pu regarder le documentaire que nous avons réalisé sur toi. Ta disparition brutale met en évidence l’urgence de rendre hommage à nos héros banen de leur vivant. Pour ma part, je rends grâce à Dieu de m’avoir inspiré de te dire MERCI pour ta vie et surtout pour ton œuvre pendant que tu respirais encore. Ton départ brusque nous rappelle que la vie humaine est éphémère. Nous te disons MERCI d’avoir laissé des traces indélébiles. Tu vas retrouver nos ancêtres et tous les Bifeyi qui t’ont précédé.

Mon « Etoile » j’ai été très heureuse que tu m’accordes à la place « du Lion » TA DERNIERE DANSE, celle-là que tu étais allé chercher dans le monde des « invisibles » afin de lui redonner son essence, ses lettres de noblesse, celle dans laquelle tu excellais. Jusqu’à preuve du contraire, il est unanimement reconnu dans tout le pays banen, que tu n’as point eu d’égal. A cette occasion justement, sa Majesté Semoya s’est incliné avec son chasse mouche devant ton talent. Tes collègues de Ɛngánda : Eso, Noncé, Soso Moutombi, etc. t’ont aussi dit Merci Maestro.

Tu as dansé et chanté pour TOUS, tant pour des personnalités connues que pour des anonymes. Tu mérites notre reconnaissance car c’est à travers toi que nos danses traditionnelles Ɛngánda et Búaŋa ont été réhabilitées et acquis leurs lettres de noblesse. Compositeur grandiose, tu as aussi composé des chants à la gloire du Dieu tout puissant. Maître chantre généreux dans la paroisse St Jean Baptiste Sanctuaire Notre Dame du Cénacle de Somo, tu as émerveillé toutes les religieuses et tous les curés ou évêques qui y sont passés. Tes chants et ton adresse au balafon transformaient les moments douloureux de deuil et de recueillement en moments de communion et d’émerveillement mystiques !!!

Pour SM Balela et ses notables, tu étais la lumière des Banen, le « Yələmənə » ; les jeunes pour leur part te considéraient comme un modèle, un maître, bref un exemple à suivre ; preuve que ton talent a été reconnu par toutes les générations. Maestro du Búaŋa aux côtés des enfants « Mini Búaŋa », danse initiée par ta feue mère, tu as œuvré pour la pérennité de ce rythme. Grâce à ces enfants, le Búaŋa ne disparaît pas, car tu t’en es très bien occupé.

Ta mémoire et tes œuvres resteront gravée dans nos cœurs à jamais. Les générations futures seront également édifiées car un ouvrage relatant (entre autres) ton histoire sera bientôt publié. Les générations futures sauront, non seulement que tu as existé, mais également que tu as laissé une tache indélébile dans le patrimoine immatériel banen. Les uns et les autres sauront que tu n’as pas été une légende à l’instar de l’ancêtre Maniben Tombi, le « Lion noir » ! Tu resteras cependant un mystère pour les Itundu en particulier et tout le peuple banen en général.

Ton sourire et ta bonne humeur inégalable vont nous aider à mieux surmonter ce vide que tu laisses. Comme tu l’as dit : « j’étais un bon vagabond, je me plaisais dans ma casquette d’artiste. Je dansais et m’amusais beaucoup…[souriant] on peut dire que j’étais un beau gosse. » Oui, va retrouver tes ancêtres, toi le vagabond et beau gosse.

A tes familles biologique et artistique, l’association Hisenji par ma modeste voix adresse ses sincères condoléances.
Repose en paix, mon « Etoile »

Kakooo kakooo á híəmíə HISENJI, múkɛdá múέsɛ oooooo

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