SUR LES TRACES DE IDELETTE DUGAST ALLIER : Allias « Ngwaka, Mílóní yí Ndiki »

SUR LES TRACES DE IDELETTE DUGAST ALLIER : Allias « Ngwaka, Mílóní yí Ndiki »

Jusqu’à nos jours le monde entier ne connaît cette illustre femme que comme cette européenne qui a effectué deux séjours au Cameroun (le premier dans la ville de Douala entre 1930 et 1933, où elle enseigne dans un lycée de jeunes filles, et le second entre 1934 et 1936, dans l’arrière-pays, à Ndiki-Somo) ; en tant qu’institutrice et missionnaire pour certains et en plus ethnologue pour d’autres. Le travail de Helène Baillot : « De la mission à l’ethnologie le parcours d’Idelette Allier au Cameroun (1930-1936) » (2008) le démontre à suffisance. Pour nous elle est « notre ancêtre » : Bombo Ngwaka, nom que lui a donné le « Père des Ndiki » : Somo.

L’un des messages qu’elle nous a laissé nous accompagne dans notre démarche :

« Il faut que là-bas et ici ceux qui auront ces pages entre les mains apportent maintenant leur contribution… » I. Dugast (1967)

MOTIVATIONS :

Tout commence en Allemagne lors d’une rencontre en 2002 avec le professeur Ludwig Gerhard (à qui nous ne dirons jamais assez merci), à l’époque responsable de « Institut für Linguistik und Äthiopistik » de l’université de Hambourg. Le professeur Gerhard contre toute attente va nous poser la question de savoir de quelle ethnie camerounaise nous sommes issus.

Après un long moment d’insistance de sa part et d’hésitation de notre part, nous avons en fin de compte presque marmonné que nous étions une Muneni. Son exclamation enthousiaste fut effrayant pour nous : « Was ? Ich habe Etwas für Sie. Folgen Sie Mir bitte » (« Quoi ? J’ai quelque chose pour vous. Suivez-moi s’il vous plaît »). Nous étions perplexes, voire choquées ; nous l’avons suivi machinalement sans comprendre vraiment ce qu’il se passait.

Arrivés dans la Bibliothèque de l’institut, qui se situait deux niveaux plus bas, il posa deux gros livres devant nous et nous fixa en disant : « Schauen Sie das an bitte » (« Regardez ça svp ».) C’est avec de grands yeux de surprise et des mains tremblantes que nous commençâmes à les feuilleter … Il s’agissait des deux (2) tomes de la monographie sur le Banen de Ndiki rédigés par Idelette Allier Dugast. Pendant ce temps, il alla chercher le lexique…

C’était avec fierté et reconnaissance que nous avons pu lire en 18 jours, avec émotion ces écrits. Nous reconnaissions encore les dispositions des concessions familiales, les noms des arrières grand- parents…Nous avions l’impression d’écouter notre arrière-grand-père Boyifek nous parler.

Puisque nous qui venions fraîchement de boucler nos études en microbiologie, notre vision professionnelle va basculer de 180°. Nous ne savions pas qu’il y avait des écrits sur les Banen encore moins sur ceux de Ndiki notre lieu de naissance.

Après lecture des deux (2) tomes, il s’est trouvé que le domaine de la Botanique et partant de l'Ethnobotanique n’étaient que peu évoqués dans ces chefs d’oeuvres, et le dictionnaire (français/ tunen, Dugast 1967) contenait des lacunes importantes par rapport au vocabulaire botanique.

A partir de ce moment jusqu’à nos jours, nous nous intéressons non seulement à l’Ethnobotanique (nos études dans ce domaine précis ont été sanctionnées par un PhD), mais également à la valorisation et la sauvegarde des savoirs et savoirs faires à base des plantes. Il faut le souligner pour le déplorer, ces savoirs s’évanouissent avec leurs détenteurs au fil du temps.

Depuis 2003 nous oeuvrons pour la création d’un musée d’Histoire Naturelle des Banen et depuis 2010, nous avons créé l’association Hisenji avec pour objectif principal la sauvegarde et la valorisation du Patrimoine Immatériel Banen (PIB). Spécifiquement, celle-ci s’est fixée entre autres, l’objectif de valoriser les hommes et les femmes qui ont marqué l’histoire des Banen.

C’est ainsi qu’en août 2018, l’Association a tenu à valoriser Jean Marie Balong, allias « Enfant Noir », ce Muneni qui a consacré toute sa vie à faire vibrer les populations avec ses cordes vocales et le rythme de ses cadences.

Avec le temps, on en vient à oublier certains événements, certains détails de la vie. Les écrits de Dugast nous ravivent la mémoire puisqu’ils donnent une image assez fidèle du patrimoine banen qui est presque en train d’être oublié à cause du temps qui passe.

Il est regrettable de ne pas prendre le temps de questionner nos arrière-parents, ces bibliothèques vivantes qui « brulent » avec leur disparition. Il serait en effet dommage de ne pas profiter de ces derniers qui bientôt vont être détruits par l’évidence de la mort, de parcourir avec eux toutes ces décennies de petits bonheurs et de grands événements.

Evoquer les OEuvres de cette grande Dame dont seules les sources occidentales ont parlé, revient à raviver sa mémoire, à partager son histoire et son expérience avec les autres, en particulier les générations plus jeunes. Car plusieurs comme nous, ne sont peut-être pas au courant de ces écrits ; car il a fallu que nous partions en Allemagne pour pouvoir les découvrir. Chaque vie mérite qu’on s’en souvienne et chaque expérience peut être utile aux générations suivantes. Notre démarche consiste à offrir ce témoignage comme un cadeau précieux et inestimable aux générations futures. Ainsi pour la première fois on découvrira cette femme à partir du regard des autochtones auprès desquels elle a vécu et travaillé (projet en cours).

Ce qui a déjà été fait

Nous avons jusqu’ici contacté un des neveux de I. Dugast, le Révérent pasteur Laurent Schlumberger qui a témoigné un intérêt pour ce projet et qui a par la suite essayé de nous orienter vers l’une de ses cousine, Constance Allier qui est, selon lui la mieux placée pour nous aider. Nos efforts pour entrer en contact avec elle ou la rencontrer sont jusqu’ici infructueux, mais nous ne perdons pas espoir.

Depuis 2016 nous sillonnons les différentes associations banen afin de les sensibiliser sur le projet qui a deux objectifs principaux : la sauvegarde et la valorisation du PIB et la construction du Museum d’Histoire des Banen.

Au niveau de la diaspora banen, nous avons affilié l’Association Hisenji à l’Agence pour le développement du peuple Banen : YININDI. C’est lors d’une des AG de l’Agence en 2017 que nous allons faire la connaissance d’une dame exceptionnelle : Dr. Gisèle NISSACK qui, comme nous est engagée pour la cause banen en général et pour la sauvegarde et la valorisation du PIB. Elle a découvert comme nous les écrits de Dugast qu’elle considère comme le « chainon manquant » pour se réapproprier l’histoire des Banen :

« En allant un jour sur internet pour voir si les Banen sont connus sur le web dans les années 2010, je découvre le site le lemunen.com (temporairement fermé) et une monographie de la Tribu des Ndiki (Banen du Cameroun). Après avoir tergiversé pendant plusieurs mois, je décide de faire un tour dans une librairie d’ethnographie rue Mazarine dans le 6 ème arrondissement de paris. Là, je découvre les deux volumes de la monographie. En une semaine, j’ai fait une première lecture des 1400p, rencontre avec Idelette Dugast et, à travers ses écrits, rencontre avec nos ancêtres dans leur vie de tous les jours. Cette monographie est comme un chainon manquant dans notre histoire, surtout pour moi, à qui on a raconté les temps anciens avec des mots banen typiques que je ne connaissais pas toujours ; dans les livres d’Idelette, les mots sont traduits, les noms des plantes sont donnés en Tunen, en français avec le nom botanique, donc on peut les retrouver sur Google. En plus, j’ai découvert qu’Idelette avait rapporté au Musée de l’homme des objets pour illustrer ses propos. Ces objets étaient parfois confectionnés exprès ou donnés par des personnes connues. L’idée a germé de répertorier ces objets afin d’y avoir accès un jour, une liste est faite ».

Dr. NISSACK va nous rejoindre non seulement au sein de l’association Hisenji, mais également au sein du pôle culture de l’agence YININDI. Ensemble nous sommes sur les traces de notre ancêtre.

II - CONSULTATION DES OBJETS BANEN COLLECTES PAR IDELETTE DUGAST AU MUSEE DU QUAI BRANLY J. CHIRAC

L’envie ou la curiosité de voir ces objets était très forte à tel point qu’en 2019, nous allons faire la demande de pouvoir consulter ces objets, qui jusqu’ici nous découvrons dans les écrits.

Après insistance notre demande sera favorablement accueillie. A cause d’une incompréhension, le premier RDV initialement prévue le 16 octobre 2019 n’aura pas lieu. Le 2nd rendez-vous fixé le 30 janvier 2020 a eu lieu. Cette visite, première de son genre est le début d’une longue série que nous comptons poursuivre. L’accueil et la visite dirigée par M. Aurélien Gaborit furent très chaleureux.

Ont pris part à cette visite, Monsieur Jean B. YOMBI et Mesdames Madeleine JOHNSON, Gisèle NISSACK, Florence LEHMAN. Nous avons visité le musée découvert les objets souhaités. Sur les 70 objets portés sur notre liste, nous n’en découvrons qu’une trentaine ; peu importe, l’émotion était là. Vieux de 50 ans au moins, nous avons eu l’impression qu’ils datent d’hier. Nous nous projections déjà…nous rêvons de notre musée des Banen …

Ces objets confectionnés par nos ancêtres, évoquaient à certains d’entre nous, des situations de la vie quotidienne, encore vécues il y a quelques années. Il y a des louches en bois portant de beaux motifs sculptés qui prouvent que le Muneni avait à coeur d’embellir et de décorer des objets simples. Ces objets contredisent des affirmations entendues lors de nos visites sur le terrain : « les Banen ne sont pas des sculpteurs » Les paniers en osier sont régulièrement tressés avec soin. Un vêtement de danse originaire du village Ndokbiakat, très finement travaillé… L’on n’imaginait pas que les Banen étaient capables produire un travail de cette qualité.

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Mr. BOUNECK Jean Pierre
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La coordination

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Dr. Gérard Mbenda

Coordonnateur général

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Moukoundy Françoise

commissaire aux comptes

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Emmanuel Boumsong

Rapporteur

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Paul Otam

Gestionnaire